Théâtre Tristan Bernard
28 mars - 26 avril 2003
À travers ses encres, Thomas Salet associe force et rythme, vitesse et fluidité, condense sa pensée de l'instant dans le geste, car lui seul a le pressentiment de la diversité infinie qu'il met en équilibre. Il sait dérober à l'inconnu ses parts d'ombre pour en extraire ce qui deviendra l'évidence par une gestuelle ample qui engage la totalité de son corps et le délivre de la pesanteur. Le pinceau réussit à trouver une forme, loin de l'horizon du quotidien visible, et crée un univers qui impose son algèbre et son langage.
La maîtrise de cette technique exige une ascèse morale où Le tracé du pinceau agit comme une méditation, une respiration où l'identité de l'artiste se dilue avec la matière. Ses encres de chine nous touchent par leur vibrante dynamique, sans nous forcer l'esprit et donne au spectateur la liberté de s'abandonner et de dialoguer sereinement dans un espace délivré de toute tension. Quelquefois, l'harmonie choisie par Thomas Salet cadence le noir, puissance de l'insondable, le module, l'éclaire par le rouge, synonyme d'ardeur inépuisable, ponctuée parfois de jaune et de bleu. Ces couleurs éclairent l'apparente austérité des encres où l'attention à un détail ne nous isole pas de l'œuvre qui demeure, d'emblée, entière par le regard.
Voilà pourquoi Thomas Salet ne nous interroge pas, mais nous donne des réponses car il est plus attentif à l’autre que bavard sur lui-même.
Pierre Nore
Encre de chine et aquarelle sur papier Xuan, 139 X 69 cm, 2003.