Musée départemental de l’Abbaye de Saint-Riquier
18 septembre - 21 novembre 2004
Thomas Salet est un poète autant qu'un plasticien, un magicien de l'harmonie des formes. Dans une méditation sensible, domine la nécessité de créer, d'aller toujours plus en avant. Plusieurs langages coexistent afin de mieux suivre l'exigence de la recherche. Ils sont des jalons, aussi bien que la marque d'un cheminement exigeant marqué par la soif de découvertes.
De la perception à la représentation, de l'intuition à l'organisation Thomas Salet est un grand expérimentateur technique. Encre de Chine et aquarelle, noir et blanc, couleur, sont au service d'une expression picturale qui ne joue pas sur le fantastique, mais qui apprivoise un "langage du dedans" en des combinaisons obsessives. Il aborde sans artifice différents procédés (tache soufflée, imprimée, grattée, projetée, coulée) pour créer avec aisance et dans une grande liberté.
D'une feuille à l'autre surgissent des formes sensibles, des signes cachés par les apparences. Le monde de la biologie microscopique semble inspirer Thomas Salet pour des transcriptions d'univers lointains, d'avant l'écriture. Inlassable, il explore avec obstination autant l'étrangeté de la nature que les sinuosités de l'inconscient.
Sa nature riche et heureuse transparaît dans sa création : elle exerce sur nous une fascination, due à l'équilibre entre signes et sens, entre sensibilité et état de grâce. Une phrase de Klee résume le mieux l'approche de Thomas Salet : "L'artiste ne restitue pas le visible ; il rend visible".
Marie-Pascale Prévost-Bault
Conservateur en chef des musées départementaux de la Somme.